Le Père Henri Noir

En 1927, celui que l'on surnommera « l'abbé Pierre d'Issoudun », entrait à La Petite Œuvre, l'école des Missionnaires du Sacré-Cœur d´Issoudun. Après Marseille – où il prononce ses premiers vœux – et Strasbourg – où il suit ses études de philosophie et effectue son service militaire –, Henri Noir part à Fribourg continuer ses études de théologie.

 

Au début de sa dernière année, la Seconde Guerre mondiale le surprend et, en septembre 1939, il intègre avec le grade de sergent un régiment d'infanterie alpine. Le 4 février 1940, bénéficiant d'une faveur spéciale, il est ordonné dans la zone des armées. Pendant la retraite de son unité, il se battra farouchement ; ce qui lui permettra d'être démobilisé en 1940, titulaire de la croix de guerre. Le père Noir termine ses études théologiques à Issoudun et est nommé, provisoirement à la paroisse de notre ville ; cette nomination provisoire durera tout de même vingt-quatre ans.

Mais l'occupation sévit, entraînant son cortège de misères et de tragédies. Le soldat devint membre de la Résistance du réseau Alliance. Prêtre au Sacré-Cœur, il tenait le rôle d'agent de renseignements mettant les éléments de la Résistance en contact les uns et les autres. Après la fusillade du 10 juin 1944, des maquisards ont pu quitter la ville déguisés en prêtres, grâce aux soutanes fournies par le père Noir. Pendant la guerre, Lucien Wajzer, enfant juif, et sa famille, ont été sauvés par le père Noir : « Quand les lois antijuives se sont appliquées partout en France, à partir de novembre 1942, ma mère s'est posé la question : Où se cacher ? Quelqu'un lui a conseillé d'aller voir le père Noir, à l'église. Elle y est allée, et le père Noir effectivement, peu après, nous a trouvé une adresse à Neuvy-Saint-Sépulchre. »Mais de ces actes, il ne tira jamais gloire.

Un jour une famille en détresse et sans abri vint lui demander un gîte ; avec quelques amis, il construisit, de ses propres mains, un baraquement de fortune. S'orientant vers les plus démunis, les sans-abri, les mal-logés, le père Noir entreprit un énorme travail de bâtisseur : 500 familles lui devront leur maison. En plus de ses catéchismes, du patronage Sainte-Julitte, du groupe de danse Les Libellules, il emmenait chaque année de nombreuses fillettes en colonie de vacances dans son accueillante ville natale.

Épuisé, le père Noir nous quittait à l'âge de 52 ans.